XIe colloque Femmes des lumières et de l’ombre – Les femmes et leur corps

Intervention d’Anabelle Machou, doctorante d’Héritages

Titre de l’intervention : Être femme à Versailles : le palais du mâle ? Analyse
du corps féminin au château de Versailles à travers les œuvres de Chantal Thomas.

Cette communication propose d’étudier l’influence de l’environnement versaillais sur le corps des femmes à travers deux fictions historiques contemporaines de Chantal Thomas : Les Adieux à la reine (2002), qui suit le destin de la lectrice de la reine Marie-Antoinette, Sidonie Laborde et L’Échange des princesses (2013), un roman sur la très jeune infante Anna Maria Victoria et Mademoiselle de Montpensier, toutes deux mariées contre leur gré.

Pour Louis XIV, le château de Versailles a indéniablement été un instrument de pouvoir et de mise en scène de soi. L’espace versaillais a répondu à un double enjeu politique et esthétique. Parce qu’il est le lieu où se joue un système curial strict, le château de Versailles a aussi opéré un contrôle des esprits et des corps. En quoi le corps féminin a-t-il été particulièrement mis à mal à Versailles ? Le genre du roman historique, grâce aux outils propres à la fiction, a su redonner une voix aux « invisibles de l’histoire », avec parmi eux les reines, femmes de la cour, favorites du roi et domestiques, des personnages longtemps oubliés ou figés dans des rôles normatifs. La présente communication tentera de relever les différentes formes des corporéités féminines au château de Versailles : entre corps caché, mis en valeur et instrument du pouvoir. Une partie importante de la communication sera consacrée au thème majeur de l’enfantement dans la trame narrative. Nous verrons que le devoir de donner un héritier au royaume entraîne un processus de sélection, de pression et de surveillance sur les corps féminins (L’Échange des princesses). Nous verrons si le concept de corps enfermé peut s’appliquer au château de Versailles, renouant ainsi avec le rôle de claustration du couvent du Moyen-Âge. Le corpus choisi nous permettra d’analyser au sein de l’univers versaillais la domestication des corps que ceux-ci appartiennent au rang inférieur de la hiérarchie sociale (la lectrice et dame de compagnie Sidonie Laborde) ou bien à la famille royale (les princesses Anna Maria Victoria et Mlle de Montpensier, la reine Marie-Antoinette).

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