
Réalisé par Odilon D’Alu et Juliette Laurent
Juliette Laurent revient ici sur sa participation à l’édition 2021 de la compétition de courts métrages Symbiose.
À l’occasion de Pariscience, festival international du film scientifique, j’ai répondu à un appel à candidatures et j’ai eu la chance de recevoir une réponse favorable à ma proposition de participer à la 6e édition de Symbiose, dont le principe est le suivant : inviter des réalisateurs et des doctorants qui ne se connaissent pas à s’associer pour penser, écrire, tourner et monter un court métrage en 48 heures.
Même pour réaliser un court métrage de 4 minutes, 48 heures est une durée extrêmement courte. Cela constitue une sorte de saut dans le vide assez étourdissant, mais également très stimulant. Au-delà du plaisir de relever un tel challenge, la thématique de cette édition, Hors-norme, et le principe de faire cohabiter deux disciplines, deux mondes – celui de la recherche et de la réalisation cinématographique – me paraissaient au cœur même de mon projet doctoral. Toutes ces raisons m’ont motivée à rejoindre cette aventure.
Dans le cadre de mon doctorat en pratique et théorie de la création littéraire, sous la direction de Jean-François Puff au sein du laboratoire Héritages, je m’intéresse au motif du pas – les pas qu’on exécute en marchant, en s’élançant (parfois dans le vide), en trébuchant… – et je tente d’articuler, à partir de ces pas, une pratique d’observation dans l’espace public, d’écriture, de fabrication d’un objet littéraire et de restitution performée par le corps et la voix de cette partition écrite. Mon processus de recherche emprunte au pas ses principes moteurs fondamentaux : l’interaction, l’avancée par déséquilibre constant et risque de chute, et le déploiement. Cette expérience m’a justement permis de mettre en branle ces principes : cette tentative sans filet, sur le fil d’un temps restreint, m’a offert la possibilité de déployer mes pas dans l’espace public, en tant qu’observante et observée, jouant des deux côtés de la caméra, d’éprouver ainsi une nouvelle forme de partage de ma recherche via ce média audiovisuel et, enfin, d’articuler ma pratique avec celle d’un réalisateur, Odilon D’Alu, à qui j’ai été associée pour faire ce film.
Juliette Laurent